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À la recherche du temps perdu…


Auteur de l'article : À la recherche du temps perdu…
Rédigé par Patrick Planchenault

De la théorie à la pratique, il y a un monde. Le rapport d’experts, remis mardi 30 avril au chef de l’État, préconisant d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de trois ans, et des téléphones portables aux moins de 11 ans, en limitant strictement l’accès les années suivantes pour les adolescents, en est le dernier et brillant exemple.

Car si l’on peut admettre la pertinence des recommandations de ce comité de spécialistes, présidé par Servane Mouton, neurologue et Amine Benyamina, psychiatre addictologue, alertant sur les "effets négatifs, directs et indirects, des écrans - notamment sur le sommeil, la sédentarité - qui favorise l'obésité - ou encore la myopie", repris dans le bien nommé rapport "À la recherche du temps perdu", force est de reconnaître que ces paroles de spécialistes se cognent à la réalité d’une société qui vit au rythme du tout écran. Et cela vaut autant pour les enfants que pour les parents.

Spécialement missionné par l’exécutif, le comité ad-hoc alerte aujourd’hui sur la "réalité de l’hyper connexion subie des enfants" et "les conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir", mais aussi pour "l’avenir de notre société, notre civilisation." Or, précisément, en d’autres temps, il s’agissait déjà pour nos dirigeants et nos politiques d’agir pour le bien-être du citoyen, de l’administré, en "imaginant l’avenir". Mais les temps ont bigrement changé. Au point que "l’avenir de notre société", voire de notre "civilisation" ne s’envisage désormais qu’à l’aune de la repentance. Réparer ce que l’on a, tous, plus ou moins, contribuer à détériorer. À abîmer, aussi.  

"Nous avons été bousculés par ce que nous avons vu. Des stratégies de captation de l’attention des enfants. Les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser", déclare Amine Benyamina, neurologue et co-président du comité d'experts dans un entretien à Ouest-France"C’est une économie de la captation. Les parents sont quasiment hors-jeu, face à un marché qui s’est imposé à la société", ajoute-t-il. 

Le discours est alarmiste. Inquiétant aussi. Et l’enjeu pour la société est énorme. Car si tout le monde s’accorde à reconnaître la nécessité de limiter le temps d’exposition des plus jeunes, pour une question de santé mentale, donc, la question qui vient immédiatement à l’esprit, c’est comment y parvenir ? Dès lors que les parents passent au moins autant de temps que leurs enfants devant ces (maudits) écrans.

C'est ainsi. Notre organisation sociale tout entière est tournée vers le virtuel. Le fameux "cloud". À commencer par l’école, où dès le plus jeune âge - au prétexte louable, sans doute, d’alléger les cartables - livres scolaires et cahiers ont disparu peu à peu des salles de classe, au profit de plateformes numériques que l’on consulte sur… écrans. Partout et à tout moment. Une quadrature du cercle, en même temps, qu'un paradoxe de vie en société sur lesquels les experts de tout poil n'ont pas fini de gamberger. Ni d'alerter.   


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