Comment le hip-hop a changé le monde

Racontée par ses grandes figures, des activistes et des historiens, l’épopée du hip-hop depuis cinquante ans. Cette fresque documentée à l’intense énergie met en regard l’histoire de l’Amérique et des luttes afro-américaines. Du 03 mai au 29 septembre sur arte.tv.

1973, South Bronx, New York. Kool Herc, 18 ans, d’origine jamaïcaine, branche son sound system percussif et électrise les mômes de son quartier. Le hip-hop, dont ce pionnier invente le nom, est né, fédérant bientôt, dans un même mouvement, MC, DJ, graffeurs et breakeurs. À New York, où Noirs, Caribéens et Latinos ont remplacé la petite bourgeoisie blanche, exilée dans les banlieues résidentielles, murs et métros se couvrent d’œuvres-manifestes : les graffs. En écho au Black Power et après les tragédies des droits civiques des sixties – dont l’assassinat de Martin Luther King –, les rappeurs s’emparent du micro et slament pour dénoncer l’oppression, s'inscrivant dans une tradition afro-américaine de protestation datant de l’esclavage. Dans les ghettos, la misère, la drogue et les gangs tuent. Alors que le hip-hop pointe les injustices, la rue, galvanisée, danse au son des platines. En 1982, face au racisme et aux violences policières, le groupe Grandmaster Flash and the Furious Five envoie au monde le culte "The Message".
 



Pulsations urbaines
Aussi intense que son titre, référence à l’hymne de Public Enemy, cette série scandée par les titres-phares du rap traverse, avec une énergie contagieuse, l’histoire du hip-hop, phénomène culturel qui déferle sur la planète depuis déjà cinquante ans. Convoquant les plus grands MC – à commencer par l’impérial Chuck D, coproducteur, dont la voix grave passe au crible les dimensions du mouvement, mais aussi Ice-T, Fat Joe, Eminem, Monie Love, KRS-One, le graffeur Lee Quinones… –, des auteurs, des historiens et des activistes, cette collection entrelace entretiens et formidables archives pour retracer cette folle épopée, miroir des pulsations urbaines et des luttes afro-américaines. Du Bronx à South Central, de la misère du ghetto à la consécration populaire, des revendications politiques aux produits de consommation, des gangs aux excès des stars, l’exploration, portée par une bande-son survoltée, d’un courant artistique aussi riche que protéiforme qui n’a pas fini de changer le monde.