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Saint-Pierre : Des enfants abordent la pauvreté dans le cadre du prix UNICEF

SAINT-PIERRE. 30 classes de la commune ont voté pour leur livre préféré parmi une sélection d'ouvrages sur le thème de la pauvreté. Et ce, dans le cadre du prix UNICEF mené en collaboration avec la médiathèque de la ville.


Auteur de l'article : Saint-Pierre : Des enfants abordent la pauvreté dans le cadre du prix UNICEF
Rédigé par Clicanoo

Après des semaines de concentration, vient l'excitation. Dans la cour de la médiathèque Raphaël-Barquisseau, à Saint-Pierre, les cris de dizaine d'enfants, trépignant sur leurs chaises, se faisaient entendre mardi matin. Venus avec leur professeur, il ont rencontré des élus et su quel livre remportait, au niveau local, le prix UNICEF.
"Depuis octobre, des écoliers de 3 à 15 ans sont venus une fois par semaine à la bibliothèque pour des séances pédagogiques de lecture. Nous avions quatre livres par catégorie d'âge, de la sélection nationale, à lire avec eux et sur lesquels échanger, explique Nadine Barret, chargée de l'action éducative, qui a porté la première édition complète du prix UNICEF à Saint-Pierre. Ensuite, ils ont voté pour le meilleur." À ce titre, ce ne sont pas moins d'une trentaine de classes issus de 13 établissements saint-pierrois, soit 800 enfants, qui se sont succédé auprès des bibliothécaires. "Les livres avaient pour thème la pauvreté, qui est un sujet de plus en plus récurrent dans la littérature jeunesse car c'est un enjeu actuel', poursuit celle qui a animé la cérémonie.

Des enfants concernés

Pour Nadine Barret, la lecture d'ouvrages avec des personnages concernés par la pauvreté est un outil considérable pour sensibiliser la jeunesse. "Après la lecture, on discute avec eux. On les questionne sur leur quotidien : ont-ils, avec leurs familles, déjà vu des personnes pauvres qui dorment sur des cartons dans la rue ? Détournent-ils le regard ? Disent-ils bonjour ? Changent-ils de trottoir ?, développe la chargée de mission. On invite à la remise en question, à reconnaître l'autre comme un humain même s'il est à la rue, on aiguise leur esprit critique."
En somme, les séances à la bibliothèque, complétées par des séances en classe avec les enseignants, permettent la transmission de valeurs humaines et citoyennes. "Certains enfants nous disent que les parents ne donnent pas d'argent, parce que le sans-abri l'utilisera pour acheter de l'alcool par exemple. Finalement, on voit qu'ils parlent peu de pauvreté avec leurs parents, considère Élisabeth Boyer, médiatrice culturelle. Les enfants comprennent pourtant le sujet, savent qu'on est bien loti en France et qu'ailleurs, les autres n'ont pas les mêmes droits."
Les trois collègues se félicitent de cette édition du prix UNICEF, voyant déjà plus grand pour l'année prochaine. "L'avenir se construit chez les enfants", arguent-elles. Des enfants qui sauront, en juin, si les livres qu'ils ont sélectionnés sont lauréats du prix national. Une question de sensibilité qui n'enlèvera en rien au travail de sensibilisation mené auprès d'eux.


Léa Delaplace

Voix express

Loukmaan Moulan, enseignant de CE2 à l'école Lislet-Geoffroy (pas de photo)
"Les enfants ont bien appréhendé la pauvreté grâce à ces livres. C'était l'occasion d'approfondir le sujet, en classe et à la médiathèque. Les élèves s'identifient aux personnages et aux histoires, et à travers ça, comprennent et assimilent les valeurs humaines portées notamment par l'UNICEF. Je les ai sentis très concernés et ils le sont, car ils sont les premiers à venir de milieux sociaux différents, à évoluer dans des contextes très éparses."

Fahim, 9 ans, en CE2
"Dans une des histoires, l'enfant était forcé de travailler pour vivre. La pauvreté, c'est ça, des gens qui n'ont pas d'argent pour manger ou pour acheter une maison. Je savais un peu ce que c'était, mais pas beaucoup."

Latifah, maman de Fahim, Saint-Pierre
"C'est ludique pour les enfants de sortir de l'école pour aller à la bibliothèque. Et surtout, ce prix UNICEF les engage. J'avais déjà abordé la pauvreté avec mes enfants. C'est important de leur en parler. Il le faut aujourd'hui. Ça les fait également prendre en maturité."

Ellana, 8 ans, en CE2
"Les gens pauvres sont les gens qui n'ont rien. J'ai appris ça à l'école, je n'en parle pas avec ma famille. Pour les aider, on peut leur donner de l'argent, ou de quoi manger et se réchauffer. Si on les aide, ils peuvent s'en sortir."

Natan, 9 ans, en CE2
"Les livres étaient bien, ils parlaient de pauvreté et d"esclavage. Les gens pauvres vivent dans la rue et ne vont pas toujours à l'école. Les esclaves sont des gens forcés à faire des choses pour d'autres gens. Cela existe encore dans certains pays. J'ai appris ça à l'école, pas à la maison."

Le choix des 6-9 ans : "Le samedi au paradis", d'Angela Burke Kunkel
L'histoire d'un éboueur qui travaille dans des quartiers riches de Bogota, en Colombie. Cet homme ramasse les livres qui sont jetés pour les mettre dans la bibliothèque solidaire qu'il a créée. Un petit garçon pauvre, lui, attend le samedi avec impatience pour se rendre dans ce "paradis". Une histoire inspirée de faits réels.


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