Saint-Pierre : Un foodcourt "Au fond à gauche" dans la zone industrielle
SAINT-PIERRE. Deux amis d'enfance, originaires de La Réunion, ont ouvert récemment un foodcourt dans la zone industrielle, au pied de la Ligne-Paradis. "Au fond à gauche", de son nom, accueillera bientôt cinq restaurateurs de street-food pour une proposition culinaire évasive.
Rédigé par Clicanoo
"Le goût, le goût, le goût." Benjamin Casimir et son copain d'enfance, Bernard Soui-Mine, n'ont que ce mot à la bouche et cette envie en tête depuis près de deux ans. Aujourd'hui, depuis l'ouverture de leur foodcourt*, Au fond à gauche, ils le prônent d'autant plus. L'espace en plein air est niché dans la zone industrielle 2, sous la Ligne-Paradis. "Une secret zone", comme s'amuse à dire Benjamin Casimir.
Le dépaysement est immédiat. Une fois sur place, après avoir quitté l'axe principal et l'enchaînement d'entreprises et de bâtiments de stockage, le visiteur découvre un coin de verdure artificielle. Plantes, transats, parasols et tonneaux créent une ambiance décontractée, tout comme les guirlandes lumineuses. Un conteneur peint en rose pâle donne du pep's. Derrière, deux remorques sur roues contenant le bar et une cuisine, un terrain de pétanque. "L'idée, c'est que le midi, les gens qui travaillent dans la zone puissent venir et se déconnecter, décompresser au lieu de manger une barquette sur un coin de mur. Le soir, c'est une ambiance plus festive, plus guinguette et bientôt afterwork", développe Benjamin Casimir.
POUR TOUS LES GOÛTS ?
Jusqu'à la fin du mois, les deux têtes pensantes du projet sont seules à proposer bar et cuisine. Le choix s'est porté sur l'alimentation asiatique, par appétence, avec des bao burgers comme plat phare. "On fait tout maison, on utilise le maximum d'ingrédients locaux et frais. On veut aussi utiliser des produits péi un peu laissés de côté comme le fruit à pin qu'on utilise pour notre galette végétarienne", explique Bernard Soui-Mine, davantage aux fourneaux. Son désormais collègue complète : "Le but, c'est que le goût fasse oublier le prix !" Des prix autour de 15 euros le plat préparé minute.
Comme tout foodcourt, Au fond à gauche a vocation à accueillir plusieurs corners (stands de quelques mètres carrés) de street-food. "Il y a trois places pour des restaurateurs titulaires, qui ne bougeront pas, dont un spécialisé dans le sucré, plus une place éphémère, précise Benjamin Casimir. Deux d'entre eux arriveront à la fin du mois." Les deux gérants s'entourent de professionnels choisis pour la "qualité" de leur restauration. "Ce ne sont pas des foodtrucks déjà existants. On a démarché des gens ayant un restaurant, et qui montent, pour Au fond à gauche, une proposition inédite pour leur corner", abonde Bernard Soui-Mine, qui comptabilise, à terme, une dizaine d'emplois créés. Le secret reste toutefois entier quant aux lauréats des places sédentaires.
DEUX COPAINS REVENUS AUX SOURCES
En devenant patrons de cet espace inédit à 30 ans, Benjamin Casimir et Bernard Soui-Mine ont tourné la page de leur passé professionnel. Le premier était sportif de haut niveau, jouant en semi-pro dans plusieurs équipes, montpelliéraine et nantaise, de volley pendant huit ans. Le second était ingénieur dans le BTP, à Paris puis sur l'île.
"Quand je suis revenu à La Réunion pour une convalescence d'un an après une blessure, je me suis rendu compte que j'étais bien ici et que je ne voulais pas repartir, raconte le joueur de volley. J'ai toujours voulu monter une entreprise, sauf que l'entrepreneuriat, c'est une aventure plus dangereuse qu'une balade à Mafate donc c'est important de trouver la bonne personne pour nous accompagner." Qui de mieux à ses yeux que Bernard pour se lancer, celui-ci s'étant toujours dit qu'il ne resterait pas ingénieur une vie entière.
Partis sur l'idée d'un foodtruck à deux, les deux hommes profitent d'une opportunité pour voir plus grand. "Le terrain de 1 000 m2, où nous sommes, appartient à mes parents. Avant, c'était en friche. Aujourd'hui, on le loue et on l'a transformé, souligne Benjamin Casimir, éduqué par des parents entrepreneurs. On aimait le concept de foodcourt, et à part dans les centres commerciaux avec de grandes enseignes franchisées, il n'y en a pas à La Réunion." En octobre dernier, les travaux commencent, chapeautés par l'ingénieur en reconversion. Le chantier aura duré six mois.
Preuve d'un lancement réussi, Au fond à gauche ne désemplit pas. "Certains clients sont déjà revenus deux fois aussi", sourit Bernard Soui-Mine, qui constate, avec son ami, un engouement pour leur lieu. Mais comme Benjamin Casimir s'évertue à le dire, ce n'est pour eux, que le commencement.
Léa Delaplace
* Foodcourt : espace de restauration où se trouvent plusieurs stands pour se restaurer. Ces stands peuvent être des foodtrucks, mais aussi des bars à tapas ou à sushis par exemple. Les clients se servent à différents comptoirs, choisissent leur plats et s'installent ensuite dans l'espace commun pour manger.