Au temple Carly, des fidèles se disputent la présidence

LA SALINE. En proie à des dissensions depuis plusieurs années, l’association hindoue de la Saline se déchire sur fonds de rivalité entre anciennes et jeunes générations.

Dimanche, le temple Carly de la Saline a franchi une nouvelle étape dans la guerre que se livrent deux équipes. Le président actuel, Jean-Yves Talassia, a été réveillé granmatin par l’officiant.  » Il me dit que du silicone a été mis dans le canon de la serrure et que la chapelle a été vandalisée. On a dû faire la cérémonie dehors, sans les déesses qui sont restées « emprisonnées » », assure le président de l’association. Les gendarmes sont appelés pour la troisième fois de la semaine, après deux autres alertes dans la semaine.

Jean-Yves Talassia n’est toutefois pas considéré comme le véritable président par une seconde équipe de l’association. Avec en son sein un ancien président Jean-Marc Ramouchetty et des descendants des fondateurs du temple dans les années 40, elle lui conteste ses méthodes et son titre. « On avait un accord oral pour qu’il laisse une nouvelle équipe dirigeante prendre la place au bout de trois ans, résume un membre de cette équipe. Il ne l’a pas fait, mais il a aussi prolongé son mandat d’un an. Il n’a ni PV d’assemblée générale, ni bilan financier, ni bilan moral ». « Ils n’acceptent pas que je sois là. Pourtant, c’est eux qui m’ont mis président, répond Jean-Yves Talassia. Je suis jeune et je suis aussi entouré de jeunes ».

« Revenir au temps lontan »

Le conflit a pris une étrange tournure quand chacune des deux équipes a déposé en préfecture une liste des dirigeants. L’équipe de Jean-Marc Ramouchetty a tiré la première suivie par Jean-Yves Talassia. « Moi, j’ai bien fait les choses, soutient ce dernier. J’ai tenu l’assemblée générale de l’association avec un huissier. Les autres, je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils ont déposé une liste frauduleuse en préfecture ».

En face, la liste de Jean-Marc Ramouchetty y va aussi de ses accusations. « Il s’autoproclame président. Mais il ne l’est pas ! Le récépissé de la préfecture ne donne pas le droit de pratiquer les cérémonies. Il faut aller au tribunal pour déterminer qui a le droit de gérer l’association. Et c’est ce que nous allons faire », arguent les partisans de l’ancien président. Il y a quelques années, celui-ci avait déposé plainte pour faux et usages de faux. Il avait découvert incidemment que sa signature avait été refaite sur des documents modifiant les statuts de l’association. La mention de 1978 précisant que « seuls ceux qui professent le culte hindou sont admis » au sein de l’association a disparu de la nouvelle mouture. Ce qui fait enrager Jean-Marc Ramouchetty et ses proches.

Ce week-end des accusations de vol d’argent liquide issu des offrandes des fidèles ont également circulé. Le montant de 20 000 euros aurait circulé. « Je ne sais pas combien d’argent il y avait », corrige toutefois Jean-Yves Talassia qui évoque plutôt des montants compris entre quelques dizaines et centaines d’euros.

Fondé par cinq personnes dans les années 1940, le temple de La Saline est le seul de la ville à organiser des marches sur le feu. Taman, la fille de Tonton Manicon, l’un des cinq fondateurs, est ralliée à l’équipe de Jean-Marc Ramouchetty. Âgée de 81 ans, elle appelle au respect des traditions : « Les fondateurs voulaient que le temple appartienne à tout le monde et qu’il n’y ait pas de bagarre. Je veux qu’on revienne comme dans le temps lontan, quand des gens de toute l’île venaient ici ».