La Réunion se met aux couleurs du mois des visibilités
LGBTQIA+. Cette année encore, comme c'est le cas depuis 2021, le mois des visibilités débute aujourd'hui, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. La marche devenue traditionnelle, elle, se déroule dès 14 heures, dimanche, au Jardin de l'État.
Rédigé par Clicanoo
"Sobat pou Bann Kwir, Sobat ek lo ker". Sous la musicalité créole, le slogan de la quatrième édition du mois des visibilités sera, une fois encore, éminemment militant. Car à compter d'aujourd'hui, journée internationale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, et notamment dimanche prochain, la communauté queer de l'île va se battre, et avec le coeur, qui plus est !
Pendant un mois, soit jusqu'au 25 juin, les événements LGBTQIA+ s'inscriront dans le quotidien des Réunionnais. De conférences universitaires aux projections en passant par les marches des visibilités, La Réunion offrira ainsi de nombreux espaces d’expression pour la communauté Kwir*.
L'objectif est clairement affiché depuis 2021, date de la première édition du Mois des visibilités, et n'a pas changé : il s'agira de sensibiliser et de tenter de pallier les problématiques d'isolement et d'exclusion des jeunes de la communauté. "Aujourd'hui encore, nous entendons que l'homosexualité, la bisexualité ou encore la transidentité sont des 'phénomènes importés d'ailleurs'. Ces marches et ces événements sont Kréol avec un grand K avant tout et s'inscrivent dans le processus universel de créolisation que décrit le poète et romancier créole Edouard Glissant," explique Brandon Gercara, fondateurice de l'association Requeer.
Une quatrième marche dans le nord
En parlant de marche, la quatrième sur l'île aura lieu dimanche prochain dans la cité dionysienne. "Si pendant longtemps l'organisation d'une marche ou d'un événement LGBTQIA+ était marginale, marginalisée voire boycottée par la population, cela a changé depuis 2021 quand plus de 2 000 personnes se sont rassemblées dans la plus grande ville d'outre-mer pour porter un message arc-en-ciel en créole", souligne notamment l'association. Le départ se fera à 14 heures du jardin de l’État pour arriver au Barachois vers 16 heures avec des discours d’institutionnels et les performances de Yannick Peria, de la DJette Emma Di Orio et de l’artiste Ano.
"Cette quatrième marche est éminemment politique, à la veille d’élections européennes, on veut passer un message fort pour les droits humains, un message de progrès, d’inclusion et d’équité face au danger des nationalismes conservateurs qui nous oppriment", avance Brandon Gercara. Car malgré le nombre de personnes mobilisées l’an dernier, l'île a pourtant été marquée par les LGBTphobies, avec notamment une augmentation de plus de 30 % des plaintes liées à l'identité de genre ou à l'orientation sexuelle enregistrées par les services de l'État.
"À nos échelles, nous pouvons tous et toutes faire en sorte que les lesbiennes, gays, bi, trans ne soient pas opprimés, ostracisés, obligés de vivre cachés pour ne pas craindre pour leur liberté, leur vie, rappelle Brandon Gercara. Nous célébrerons la chance de marcher librement, d'affirmer nos différences et nos ressemblances. Nous marcherons pour revendiquer ces libertés déjà conquises, celles qui restent à conquérir, mais aussi en soutien à celles et ceux qui, à quelques centaines de kilomètres d’ici en sont privés, à celles et ceux qui seront absents. La peur, la honte et la marginalisation doivent changer de camp. Les droits LGBTQIA+ sont des droits humains."
Rendez-vous donc ce dimanche à 13 heures pour la quatrième marche des Visibilités, au départ du Jardin de l'État.
P.B