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Quatre ans ferme pour l’agression sexuelle d’une campeuse à la plage

SAINT-GILLES. Un Sainte-Suzannois de 32 ans était jugé hier pour avoir agressé sexuellement une jeune femme qui dormait dans son hamac sur la plage de l’Hermitage en novembre 2023. Des faits initialement qualifiés de viol.


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Rédigé par Clicanoo

Un an et demi s’est écoulé, mais la jeune femme reste encore profondément marquée par les faits subis cette nuit du 27 novembre 2023. Ce soir-là, après un dîner au restaurant, elle décide avec une copine de bivouaquer sur la plage de l’Hermitage. Toutes deux installent leur hamac et leur sac de couchage et s’endorment tranquillement au clair de lune. Soudain, vers 4h du matin, elle se réveille avec stupeur pour découvrir un inconnu penché sur elle, la main dans sa culotte. L’homme prend aussitôt la fuite.

Plainte est déposée dès le lendemain, mais l’enquête des gendarmes s’annonce difficile alors qu’aucun témoin n’a assisté à la scène et pu décrire l’agresseur. Mais, un mois plus tard, les prélèvements d’ADN réalisés sur les vêtements de la victime vont "matcher" avec l’identité d’un homme, simplement connu de la justice pour consommation de stupéfiants.

Placé en garde à vue, Kevin Jérémie, un Sainte-Suzannois de 32 ans, nie les faits dans un premier temps. Confronté aux preuves scientifiques, il déclare ensuite avoir seulement "fouillé" dans un sac pour voler quelque chose. Avant d’avouer enfin, lorsque les enquêteurs lui révèlent que ce sont les vêtements que portait la jeune femme pour dormir, qu’il s’est bien livré à des gestes de nature sexuelle.

"Dans un délire"

Mis en examen pour viol et placé en détention provisoire, l’homme va finalement bénéficier d’une correctionnalisation des faits, la chambre de l’instruction ayant estimé, en dépit des déclarations de la victime, "que la preuve d’une pénétration n’était pas apportée" faute de lésions constatées par l’expert. Le renvoi devant la cour criminelle prononcé par le magistrat instructeur est infirmé, le suspect renvoyé devant le tribunal correctionnel.

Jugé hier, le prévenu réitère ses excuses, après avoir cherché à écrire une première fois à la victime pour lui demander pardon. "Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’étais sorti marcher pendant que la famille était en discothèque, j’avais fumé un joint. J’étais dans un délire. Je lui ai touché les seins, je l’ai caressée. Quand elle s’est réveillée, je me suis dit que je faisais n’importe quoi et je me suis enfui", raconte le trentenaire, décrit par ses proches comme "un bon père de famille, serviable et généreux."

Le président Stéphane Duchemin l’interroge sur ses motivations cette nuit-là. "Je ne sais pas où je me serais arrêté. Je ne suis pas un violeur, je n’ai jamais manqué de respect à personne" répond-il. "Le viol ou l’agression sexuelle, ce n’est pas que la violence. C’est aussi la contrainte, ou, dans ce cas-là, la surprise", rappelle le juge.

La victime, elle, décrit l’impact dévastateur qu’a eu cet épisode sur sa vie. Traumatisée, elle a dû s’isoler, se séparer de son petit ami et a été incapable de reprendre le travail avant des semaines.

"Sa vie a basculé"

"Elle est en état de dépression, a peur de la foule, de sortir. C’est très dur au quotidien. Elle a perdu sa joie de vivre", développe son avocate. "Sa vie a basculé ce jour-là. Elle se demande pourquoi c’est tombé sur elle, et si elle a pris des risques en allant camper sur la plage", plaide encore Me Vanessa Bertholier-Lemagnen.

"On est dans le spectre haut de l’agression sexuelle, commise en pleine nuit, dans un espace public, sur une parfaite inconnue et une victime vulnérable alors qu’elle était endormie", enchaîne la substitut du procureur Ludivine Fathi. "Ce n’est pas une situation qui dérape, ou liée à un contexte familial. Il a fait le choix d’utiliser cette jeune femme pour obtenir une satisfaction sexuelle" poursuit la magistrate, en réclamant la peine de quatre ans de prison ferme et trois ans de suivi socio-judiciaire.

"Une peine disproportionnée" réplique Me Corinne Chane-Hime en défense, insistant sur "la juste qualification des faits" retenue par la chambre de l’instruction. "Il avait consommé plus que d’habitude, la scène a duré moins d’une minute. Il est désolé et son pardon est sincère" assure-t-elle en plaidant la clémence.

Malgré un dernier mot d’excuse pour la victime, à qui il souhaite "de refaire sa vie", le prévenu va malgré tout écoper d’une lourde peine, alors que le maximum encouru était de cinq ans. Considérant "la gravité des faits", le tribunal va le condamner à quatre ans de prison ferme avec maintien en détention, sans suivi socio-judiciaire mais avec inscription au fichier des auteurs d’infractions à caractère sexuel.

Sébastien Gignoux


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